Okugake Shômudo 2011 part 3

Journée 22 juillet****

On refait la dure montée du Mt Fugen par la caverne de Shô (1 heure)

 

61) MIROKU-DAKE (le mont du bouddha Miroku-Maitreya)

A environ un kilomètre de marche du mont Fugen, en continuant le chemin des crêtes, c’est un endroit difficile nommé «Miroku-no-yoko-gaké » (Miroku, la montée en travers, de coté).

Sur le mont de Miroku, il y a un autre endroit délicat, nommé Satsuma-korogi. On raconte que le seigneur du clan de Satsuma, au sud de l’île de Kyushu, lorsqu’il vint en pèlerinage à l’Ominé, glissa à cet endroit. Une autre place est nommée Naiji-otoshi ou Uchi-samourai ! C’était l’endroit que choisissaient certains yamabushi exténués par le miné-iri, pour se suicider en se jetant dans le vide afin de ne pas ralentir le groupe. C’est possible que ce soit aussi un endroit où l’on se débarrassait des "indésirables" qui avaient pu se glisser parmi les rangs.

C’est à cet endroit, lors de mon premier pèlerinage avec les yamabushi du temple Shôgôin en 1989, que j’ai commencé à ressentir de fortes douleurs dans tout le corps!

Poème de Saito sensei :

«Taniko to yuwa kibishi kumo hônaréba miyo tani nagu yamabushi awaré»

(Quelle loi sévère que celle qui oblige à plonger dans la vallée, tristesse des yamabushi)

 

 

60) CHIGO-DOMARI (halte de Chigo)

C’est un petit terrain dégagé sur le chemin de crêtes, avec de l’herbe. On y trouve une statue de Kongo-dôji, enfant de la classe de vajra, acolyte du bouddha Fudo. A cet endroit demeuraient sept petits lacs, aujourd’hui asséchés. Il se trouve à cent minutes à pied du mont de Fugen.

Poème de Saito Sensei

« Chiko domari ikoéba yasashi shiba-kusa no kazé ni soyogité koni tachi ni kéri, oinaru yama futo koroni idakarété ôni manda no nyu moi no méri »

(A Chiko-tomari, le vent apporte les douces et agréables effluves de l’herbe ; la montagne est grande et nous enveloppe ; peu à peu nous obtenons l’enseignement bouddhique comme on baratte le lait pour l’obtention du beurre, c’est la meilleure façon.)

A propos des 7 lacs recouverts d’herbes maintenant et qui se trouvaient sur la gauche, lorsque l’on est face à la statue, la première histoire raconte qu’En-no-gyoja se rendant pour la première fois dans les monts Ominé y trouva un grand serpent qu’il subjugua et jeta dans ces lacs. La seconde mentionne la même histoire, mais cette fois avec le maître Rigen lorsqu’il réalisait l’itinéraire en sens inverse. Ces lacs sont liés aux mythologies du serpent qui créé des problèmes et posent des entraves sur le chemin, peut-être les religions autochtones.

 

Poème de Saito Sensei :

«Nana-tsu iké imawa karéaté kusa fukami furishi kai iyo kokoni tsutaoru »

(Des 7 lacs asséchés, de hautes herbes s’y trouvent à présent qui parlent d’histoires fantastiques)

Lors du pèlerinage, on y prend son déjeuner matinal (obento fait de boules de riz) car il est environ 7 heures à cet endroit.

 

 

59) SHICHI-YÔ-DAKE ( la montagne des 7 jours de la semaine)

C’est un endroit très délicat depuis le moyen âge, au point que les yamabushi lui ont donné cet autre surnom «Nembutsu-Bashi », le pont de la prière Nembutsu; faisant allusion à la prière adressée au bouddha Amida, qui règne sur les paradis des défunts, dans les terres de l’Ouest. Lorsque l’on franchit cet endroit, on doit dire : «Namu Amida Bustsu » Adoration au bouddha Amida.

2011

1989 at Nembutsu bridge with Gomonshu Miyagi Tainen

 

Poèmes de Saito Sensei :

« Kuni minaru nembutsu bashini iko no mité ; tani yuku kumo ni ashi na énikéri. »

(Etre saisit d’effroi en regardant le pont du Nembutsu à cet endroit ; les nuages qui vont dans la vallée me rendent les jambes mortes)

"Séséra géni koé ari ishi no kokoro ari ; Haku-un yuyuso ten oiku"

(La voix des eaux, la pierre de l’esprit, les nuages blancs surgissent et semblent aller dans le bleu du ciel)

 

Un poème ancien dit ceci:

« Aré mo mata mizu no saga kai okaga oité miné ni nagaru ruhito ira no kumo »

(Par les pluies, l’eau des nuages retourne à l’eau de la terre ; la montagne la reçoit et la garde ; les pierres la filtrent pour la purifier, ainsi que la mousse pour la redonner à la terre).

Auparavant les shugenjas faisait des fêtes religieuses (matsuri) pour rendre hommage aux divinités de l’eau comme Benzai-ten, Ryujin et Suiten (eaux du ciel), commémorant ainsi le cycle de l’eau. A présent, cela est différent, fait remarquer Saito sensei.

Nenbutsu bridge july 2011

 

 

58) GYOJA-GAERI (l’endroit où En-no-gyoja rebroussa chemin) (si pluie filet d'eau)

Se trouve à environ 1h 40 minutes du n°60! C'est l'ascension à ce sommet par la falaise qui fit rebrousser chemin à En-no-Gyoja! Le sommet se nomme « le pic du sabre » (Kengataké). En fait à présent, dans le sens nord-sud, durant plus de vingt minutes, on descend des escaliers faits de poutres en bois ou en fer, longeant un canyon. S'il a plu quelques jours avant, ici on peut trouver un mince ruissellement d’eau pour y remplir ses gourdes. Après le n°62, c’est l’unique point d’eau, sinon il faut patienter jusqu’à l’arrivée au mont de Misen, en fin de journée. Si l’eau ne coule pas les yamabushi ont quelques trucs : Regarder le sens de l’écoulement de l’eau puis creuser ou bien briser les plantes qui retiennent l’eau…

 

Un homme construisit une superbe hutte une année qui fut détruite l’année suivante; "aucun yamabushi ne ferait cela" remarque Saïto Sensei. "En montagne, à présent, il n’y a pas que des yamabushi", me dit-il....

On y vénère les « huit grands enfants du Vajra », acolytes de Fudo-Myo (Hachi-dai Kongo-dôji). Ce canyon voit à présent ses échelles en bois accrochées à la paroi, on comprend qu’en venant de l’autre sens, tombant sur un à pic, les ermites aient rebroussé chemin!

Gyoja gaeri in 2007

 

57) ICHI-NO-TAWA (la première crête)

Avant il y avait de l’eau, on y prie l’un des assesseurs du vajra Sosei Kongo Dôji.

A 70 minutes du n°58, Saito sensei y a écrit :

«Onézu no tôu madarani zashiya sho itotsu kumazasa no uéo ukité tatayou »

(La lumière des rayons du soleil filtre à travers les branches, un papillon flotte au-dessus des bambous)

«Shakujo no hibiki sayakani ibikai ité kenja rashi yukyuto tawa otachi yuku »

(Le ronflement du sistre est clairement perçu, les shugenja s’en vont à la première crête)

Ces deux poèmes indiquent clairement que le miné-iri est devenu un chemin de crêtes avec un sous bois avec un sol moins accidenté, comme avant pour «Waki-no-shuku» au n°64. Certainement que les shugenja s’y sont reposés puisque le ronflement du bâton à anneaux y est mentionné.

 

56) SEKIKYU-NO-YADO (halte de la pierre du repos)

Il existe un chemin qui part de la caverne de Jimpen (autre nom pour la caverne de Shô) qui passe par le n°58 en bas et qui débouche au n°56, évitant les crêtes.

On se trouve à présent devant le mont Misen, le mont Suméru de la mythologie indienne (l’axe du monde), qui est la seconde plus haute montagne dans la péninsule de Kii, mais celle où se trouve un refuge afin d'y passer la nuit. Mais ni douche ni bain ni eau même pour se laver, car l'eau est si pécieuse ici qu'elle n'est utilisé que pour boire et cuisiner. Les orages s’accrochent souvent à cette montagne. Il y pleut presque tous les jours en été, et c'est leau de pluie qui est récupérée !

 

 

55) SHOBO-HACHO ou KOBASEI-YADO (la pente du maître Rigen ou le refuge de l’archevêque Kobasei)

C’est le début de la montée du mont Misen. Il s’y trouve une statue du moine Shôbô (d’où le nom de cette montée) qu’il faut éviter de toucher sinon la pluie vient indique la tradition. Une fois que les guides ont donné les explications de ce site, il y a souvent malheureusement un néophyte, qui à l’abri des regards des autres, touche la statue, donc il se met ensuite à pleuvoir… Il y pleut généralement tous les jours car le pèlerinage du temple Shôgôin se déroule à la saison des typhons en septembre. Mais pour nous qui avions décidé de le faire durant la troisième semaine de Juillet, à un moment où normalement il n'y a aucun typhon, nous avons eu droit en pleine montagne au 6ème typhon de l'année: le changement climatique se fait ressentir même au Japon...

Il y a deux histoires dans la tradition de l’école Honzan à propos de ce lieu : "un prêtre du nom de Kobasei de la ville d'Ida dans la préfecture de Gifu (en limite des Alpes Japonaises, à cent kilomètres au nord-est de la ville de Nagoya), voulait devenir Archevêque. L’empereur s’y opposa et Kobasei lui jeta un sort!" L’autre histoire raconte qu’un archevêque du shugendo : "Kobasei Sôjô y avait sa tombe ici ainsi qu’une statue en bois le représentant. Il n’y a plus ni l’une ni l’autre à présent!"

 

Poème de Saïto Sensei

«Wage Soshi wa bikuni shiarédo tsurugi obi shugen no michi oiraki tamaéru. Amé otsuki tadoritsuki taru Kobaseio no muné otsuki sémaru Shobo hacho. Deinei ni kokétsu marobitsu ita noboru Shobo hacho, amé-yamé-tamé »

(Mon jeune maître était un moine qui portait le glaive droit et ouvrait la voie du Shugen. Une pluie frappante oppressait la poitrine de Kobansei sur la montée étroite de Shôbô. Grimper "Shôbô hacho" avec la tête pleine d’eau; faites que la pluie cesse). Cette dernière phrase : « deinei ni kokétsu marobitsu ita noboru Shobo, amé Yamé Tamaé ! » indique très clairement que le sentier était (est) toujours très glissant et que le fait de glisser ici ne date pas d’hier. Un diton raconte qu’à 20 ans, il faut 20 minutes pour parvenir en haut, à 40 ans, il faut 40 minutes, à 60 ans, il faut une heure. Le dicton s’arrête à 60, cela voudrait-il dire qu’arrivé à 70 ans, il faille renoncer à grimper dans les monts Ominé ? Cela doit sûrement être vrai puisque tous les dignitaires du Shugendô arrêtent d’aller en montagne vers cet âge...

 

GO GO go alone to the summit: Yamabushi race!

18 years old=18 minuts, 30 years old=30 minuts... over 60 minuts, necessarry to stop the pilgrimage here...

 

 

54) MIE-SEN (le mont Mérou ou Sumérou)

Altitude 1895 mètres, c’est le second plus haut sommet de la région qui va de Nara à Kumano. On y trouve un grand refuge, refait à neuf il y a quelques années. Tout au sommet se trouve le sanctuaire profond (Oku-no-in) du temple dédié à Hamakawa-Benzaiten (déesse des arts) du village de Tenkawa. Le pic est dégagé, avec une vue claire jusqu’à Osaka par temps ensoleillé! C’est la déesse qui apporte l’eau au dieu du sol, Mikumari. Lorsqu’En-no-gyoja fit sa retraite sur le mont Sanjo, c’est elle qui lui apparut la première. Après sa répudiation par En-no-gyoja, elle établit son refuge ici. Au sommet se trouve une dalle en pierre plate appellée "Pierre de la posture correcte" (zazen-ishi) et un endroit dégagé pour les pratiquants depuis des siècles (gyoja-sugata-miké) d’où ils étaient censés apercevoir leur maison, dans le lointain, vers la ville d’Osaka…. Ici les néophytes doivent demander aux anciens pour prendre l’eau de source car elle ne sert qu’a être bu ou pour la cuisine. Par manque d’eau, personne n’est autorisé à se laver. Depuis le moyen-âge les yamabushi n’enfreignent pas cette loi de peur de voir se tarir la réserve de la petite mare qui se trouve derrière le refuge. Le 16 juillet, tous les ans, il y a un festival des fleurs pour la déesse Benzaiten.

 

Poème ancien du shugen:

« Yobo tô nagaruru kirini tatazu nité genshi no koé o miné ni kiki iru bubo stsu enzashita ma ou miné naréba misen toyuni fukaki yuéari kuroguro to ukabéruminé no tsuki ya karé ni furi tamaéya. Eko bosatsu tenku ni kagayaku tsuki ni namu kaité muné no uchi naru otoké omou »

(Dans l’épais brouillard, pour écouter la voie ancienne de la montagne au sein de laquelle se côtoient Bouddhas et Bodhisattvas. Dans le mot de Misen (mont Mérou) se trouve un enseignement profond et secret. S’il vous plait, que Géko-Bosatsu, (Boddhisattva de la Lune) vienne avec la lune dans un endroit illuminé, pour apercevoir la lune dans le ciel et le Bouddha dans le coeur)

L’enseignement secret dont il est clairement fait mention ici est la cosmogonie de l’axe du monde et la méditation sur le disque lunaire (Gachirin-kan) qui mène à l’autre stade méditatif : La méditation sur les lettres sanscrites, Bonji-kannen ou Bongo-meiso. C’est ici que les yamabushi passent leur troisième nuit du pèlerinage. C’est au sommet de cette montagne, (ne sachant rien à l’époque du symbolisme des 75 stations, lors de mon premier « miné-iri») que je suis tombé d’inanition due à la fatigue. Durant quelques minutes (les sendatsu me le racontèrent ensuite) tout le monde a craint le pire, car on ne pouvait trouver mon pouls et j’étais très pâle sans battements cardiaques audibles. Je pense qu’ici, sur la montagne de l’Axis-Mundis, j’ai fait ma première expérience de la « petite mort » ! On dit qu’il en faut 7 dans une vie si l’on espère devenir un bouddha ! Il est à noter que chaque « petites morts » ont l’air de rythmer les phases importantes de la Vie…

 

 

 

 

 

 

DIAPORAMA / VIDEO from Wasamata to mount Miesen

Photograph Masahi FUJIMOTO 2008

 

Shomudo-An Okugake 2011

 

 

 

(Nuit à Miesen)

 

 

 

 

Journée 23 juillet (samedi) *****

(L'Ascension de la montagne intérieure)

DEPARTURE 4:00 am

 

53) CHOSEN-GATAKE ( le mont de la Corée)

Il se trouve à trois kilomètres du Mt Misen au nord, sur le sentier qui mène au village de Dorogawa. A présent lors du pélerinage par manque de temps, on se s’y rend plus. On salue le mont de loin. On fait donc « yohai-maéri » (prières de loin). Notons au passage que c’est intéressant de trouver une montagne qui depuis des temps immémoriaux porte le nom de «montagne de la Corée», quand on connaît la filiation de la famille Kamo d'où est issu En-no-Gyoja avec le "Pays du matin calme"... Placer cette montagne près de celle symbolisant l’axe du monde est peut être aussi un clin d'oeil des anciens?

 

52) KOKON YADO (halte d’antan et de maintenant)

Il se trouve au pieds des monts Misen et Chosen, on ne le grimpe plus car sa direction est trop au nord et que le chemin du pèlerinage, après Misen, va dans la direction du Sud. On fait « yohai maéri ».

 

51) HAKKYO-GATAKE ou Bukkyo-gataké

(le mont des 8 sutras ou le mont de l’enseignement bouddhique)

C’est le plus haut sommet de la région avec 1914,9m. Orienté Sud, seulement une dizaine personnes peuvent tenir sur la petite esplanade à son sommet. Au petit matin, à l’aube, on a une vue magnifique sur tout le massif des monts Ominé. On raconte qu’En-no-gyoja y enferma un des huit sutras du Lotus de la Bonne Loi. Une stèle en pierre représentant Fudo s’y trouve et c’est vers elle que se tournent tous les yamabushi pour faire « otsutomé », terme japonais signifiant « travailler », c'est à dire, réciter les textes sacrés.

 

Haïku du shugen:

«Hada ni shimu kiri fukakérédo iwani zashi bodai no moné ni raigô matsu. Arémo mata oyoké narazuya kakayoité miné ni wa kitatsu nana iro no kumo tamayurawa iki otodomété oétsu no sono zékyô kami shimété kéri »

(La brume est si épaisse qu’elle en traverse ma peau, assis sur le rocher j’attends "l’illumination du pèlerinage" (lever du soleil). Attendant les lueurs de l’aube, tout est bouddha. Près des montagnes habitent les nuages aux sept couleurs ; j’en ai le souffle coupé. Je ressens la joie du bouddha ; ma voix voudrait sortir mais mes dents la retiennent dans mon esprit)

Cette brume, c’est le brouillard matinal, très épais vu le taux d’humidité. La vue sur l’ensemble du massif fait s’extasier tous les yamabushi. Les nuages aux 7 couleurs bouddhiques sont les nuages éclairés par les rayons du soleil levant. La voix qui ne peut sortir, retenue par les dents, indique qu’il fait froid quand même à l’aube durant l’été...

 

50) MYOJO-GATAKE (Le mont de l’étoile de Vénus ou Mt de l'étoile de l’aube)

Le nom ancien de cette montagne est Mizu-no-moto-zan (montagne de l’origine de l’eau). Sur cette montagne se trouve des fleurs blanches, une variété de camélias sauvages très rare, dans des arbustes bas qui sont classées : Monument naturel et Trésor national, car au Japon, on ne les trouve plus qu’en cet endroit les «Oyama-rengé », les lotus de la grande montagne. Elles fleurissent en juillet et les randonneurs viennent de tout le Japon pour les contempler. Ils couchent dans le gîte de montagne de Misen puis viennent le lendemain matin, profitant de l’aube sur le mont Buccho-gataké, pour voir les fleurs sur le mont de Vénus. Près de ce lieu se trouve la vallée de l’enfer (Jigoku-dani). Si l’on descend dans cette vallée, on ne peut en revenir vivant ! Donc on contourne le mont par l’Ouest et l’on fait « yohai-maéri » pour le n°49.

 

49) KIKU NO IWAYA (caverne des chrysanthèmes)

Dans le « Shugen-hoiten », "livre sur les transmissions secrètes du shugen", il est écrit : « Que le premier disciple d’En-no-gyoja, En-no-Yoshimoto écrivit l’histoire de son maître sur les murs de la paroi avec du charbon de bois. Si quelqu’un trouve la grotte fortuitement, il devra réécrire le message pour les générations futurs ». C’est l’endroit le plus secret du pèlerinage, celui où l’on ne va jamais mais qui contient la première trace indélébile du passage d’En-no-gyoja sur cette terre et de la profondeur de l’enseignement du Shugen. Je savais que tous les archevêques du shugendo, de toutes les écoles de l’Ominé connaissaient son emplacement. Lorsque je me suis mis à la rechercher, durant des années, plusieurs mois par an, je commençais par me documenter et demandais l’emplacement aux dignitaires. J’ai toujours essuyé des refus et lorsque j’ai su comment trouvé l’endroit à la suite d’un rêve lors de ma retraite dans la caverne de Shô, après m’y être rendu, j’ai su pourquoi cet endroit magique et magnifique devait resté secret ... Pour respecter le sceau du secret, je n’ai pas pris de photos, mais j’ai gardé en mon coeur, cette image magnifique un soir de pleine lune, "d’une voûte céleste" parsemée des milliers de galaxies luisant dans la pénombre car cette caverne est tapissé d'amonites, ces nautiles fossilisés ! Kiku signifie qu'il y a deux entrées possibles...

 

 

48) ZENSHI-NO-MORI (la forêt des maîtres Zen)

Cette forêt, à flanc de montagne, est nommée ainsi car Kenzô Doshi, maître de zen, y fût appelé en rêve par le moine Rigen Daishi pour y faire Zazen. Sa statue est là, ainsi qu'une dalle de pierre plate nommée « Pierre de zazen » (zazen-ishi) ! De nombreux arbres, déracinés par les typhons successifs, gisent là, couchés sur le coté. Est-ce une allusion à l’évolution de la doctrine ?

Poème de Saito sensei :

« Chimi Aku ja kagen no Maô shirizokéshi gyoja no mani no jihi fukasa yo »

(Ici nombreux sont les arbres écroulés (tels des serpents), les ascètes chassent les démons de Maô (Mara en scrt, l’illusion), je ressens la profondeur de la compassion des pratiquants).

 

Les gyoja femmes, Révérend Shibata au premier plan au centre

avec à droite les photographes Masahi Fujimoto et Pierre Simon Iwao

 

47) GOKO-REI (le mont du sceptre à cinq branches)

Le sentier du pèlerinage passe par cette crête. C’est l’endroit des cinq sagesses du bouddha cosmique. Comme à tous les 75 arrêts sur le parcours, les yamabushi en tête du pèlerinage s’arrêtent pour y déposer une tablette votive. Cette planchette comprend la date, le nom de l’école du shugen, le nom du monastère qui emmène les participants... puis tous ensemble, récitent les prières à une vitesse phénoménale. Il faut connaître tous les textes par coeur, dans la pénombre et lors des récitations rapides ; on a pas le temps d’ouvrir son livret de prières. Par exemple, il ne faut qu’une minute pour dire le sutra du coeur. Ce qui normalement prendrait quarante-cinq minutes (textes pour les offices matinaux), prend ici, cinq minutes lors du pèlerinage en montagne, tant la diction est rapide! Néanmoins, la récitation suit les paragraphes normaux. On récite les strophes pour « les pénitences » et le « repentir » (zangyo et sangé), puis les trois premières stances du sutra du sistre (sanjo-shakujo), le sutra du coeur (hannya-shingyo), les mantra (Go-shingon), paroles aux fondateurs (Gohôgo, Précieux Joyaux), le transfert des mérites (kinnen) et enfin le "Chant de l'Immédiat Satori" (hongaku-san) ! Tous les Yamabushi, laïcs et religieux, connaissent ses textes par coeur! Les premières fois, je ne comprenais pas ce qui poussait les yamabushi à réciter si vite. Après, j’ai compris : En montagne, ce n’est pas comme dans un temple, il fait froid ! En marchant le corps se réchauffe, mais on doit faire aussi rapidement que possible pour écourter les haltes qui font refroidir le corps en sudation! Les anachorètes qui pratiquent "l’ascèse de la marche" (kaiho-gyo) vont encore plus vite à réciter les textes, à chaque arrêt obligatoire pour prier, ceci afin d’éviter l’ankylose musculaire qui peut être foudroyante lors de crampes.

C'est un passage délicat avec des glissements de terrain lors des typhons...

 

46) FUNE-NO-TAWA (la crête en forme de bateau)

C’est un petit vallon boisé et dégagé au sommet de la crête, fréquenté par les biches et les daims car l’herbe verte, rare dans ces sous-bois, y est abondante ! Parfois, on a remarqué que le vallon pouvait descendre et bouger de plus d’un mètre car le massif est une montagne volcanique non éteinte où se trouvent des sources d’eau chaudes dans les vallées. D’où l’allusion à une embarcation qui voguerait sur les flots… Il est 7 heures du matin, et comme la colonne marche depuis 4 heures, c'est la halte pour manger une boule de riz. Cet endroit fait dire aux yamabushi que les monts Ominé sont vivants, car il oscille parfois ! De surcroît, ce vallon à la forme allongée d’une arche…

 

Poème de Saïto Sensei :

« Funé no yuna no motoni irakarété honi manda no miné aru nari”

(La civilisation a brisé l’embarcation, c’est pour cela que la mandala naturelle est fracassée)

 

45) SHICHI-MEN-ZAN (La montagne aux sept visages)

Le pèlerinage ne s’y rend plus, car il faudrait quitter le chemin des crêtes pour redescendre et passer par une autre vallée, ce qui prendrait trop de temps ! On fait à présent « Yohaéi-maéri » de loin. Elle est à l’ouest ! Dans cette montagne se trouve un ogre nommé "Koé-roku-Oni" (l'ogre aux six voies) qui dévore tout ce qui mauvais dans l’esprit des hommes ! Ce monde est nommé Jorouri-sékkai, patois de l’Ominé pour Juroku-sékkai, les seize mondes qui se situent sur le flanc-est de la montagne avec les 49 portes à l’Est « Shiku-no-tô ». A l’intérieur de cette dernière, résident de nombreux autres mondes dont « Le paradis du bouddha de médecine » (Yakushi-no-jôdô), à l’Ouest le paradis du bouddha Amida » Amida-no-jôdô. Si les pratiquants effectuent une bonne ascèse, ils peuvent entendre un son de cloche provenant de cette montagne qui est émis par "l’ogre aux six voies". En fait, à cette altitude, vu la vitesse de marche, si la marche est correcte, on entend un bourdonnement sanguin cérébral dans les oreilles qui peut faire penser à celui d’une cloche. Les anciens le savaient, puisque le démon porte le nom de « l'ogre aux six voies » en rapport avec les six organes de perception de la doctrine.

 

44) YÔJI-NO-YADO ( le refuge du cure-dent)

C’est là que le pèlerinage fait la pose du milieu de matinée. Le temps est souvent pluvieux et venteux, mais avec des odeurs de sapins et de mélèzes. Il est environ dix heures. On a laissé, à douze kilomètres au nord, le mont de Misen. En direction de l’Est, vers le bas, se trouve une statue d’un Fudo bleu que l’on prie. On est à quarante minutes de marche du n°46. A l'ère Meiji, un porteur du temple Shogoin, Yojiè-san, est mort de froid à cet endroit. Il y a sa stèle funéraire au-dessus de laquelle les yamabushi récitent les prières funèbres (éko-kongyo). En offrande, chacun y dépose un peu de son panier repas, nourriture pour son âme et offre du thé en répandant un peu de breuvage sur la stèle commémorative...

Ojuku Nakamura Kakuyu doing "eko gongyo"prayers 2009

 

Poème de Saïto Sensei

« Shakujo no otomo takaraka ni furi tatété Yojié no yado ni Eko sasagéri »

(A la halte de Yojié, les sistres font entendre leurs sons, c’est pour le service funèbre)

 

43) BUCCHO-GATAKE (Le mont des germes du bouddha)

C’est une montée difficile, avec de nombreux obstacles à enjamber. C’est après le n° 51, la quatrième montagne la plus élevée de la région. Il est raconté que pour faire cette montagne, Dragons et Serpents ailés s’envolèrent du mont Mérou, pour arriver ici. Ce qui allégoriquement signifie que le sutra de la haute sapience (Hannya-haramitashingyo, en sanscrit Prajna-paramita-hridriya sutra) détenu par le peuple des Dragons-serpents ou Naga, y était ici, enseigné durant le pèlerinage.

1989, Reverend Okamoto, with a long stick, was pilgrimage director (Ojuku)

 

42) KUJAKU-GATAKE (le mont des paons) (eau qui coule)

A seize kilomètres de Misen, c’est le cinquième sommet des monts de l’Ominé. On y dispensait l’enseignement du sutra du Roi des Paons (Kujaku-kyo) si prisé dans le shugendo, à cause de ses incantations magiques (dharani) censées délivrer un pouvoir surnaturel, dont le fondateur fit un grand usage. On y trouve, coulant en un mince filet, une eau très pure, à gauche en bordure du sentier : l’eau des paons, près d’une stèle qui représente le Bodhisattva Kujaku-myo.

Poème de Saito Sensei

«Koké muséru fugirui ruiyoko taéri, Kujaku gataké yokogaké nishité shinryo kushitsu aru juirin otomonaku tokini kyo fuga kokorô sashinu »

(Innombrables sont les arbres couchés qui dorment avec la mousse, dans le mont de Kujaku, monts que l’on gravit de coté, aucun bruit; le silence fait que les pensées se calment)

 

41) KALA-HACHI DAKE (mont du bol à aumônes, en scrt paça)

Le kala-hachi était une coupe ou un grand bol dont les moines se servent pour faire l’ascèse de la mendicité. Du 42 au 41, le chemin est périlleux avec des précipices sur la droite. Quelques fois le sentier fait moins d’un mètre. Il y a des bloc rocheux dont il faut descendre avec des chaînes, mais c’est un endroit dont la vue vers l’ouest est magnifique! Un passage très délicat porte le nom de Kojiri-kaéshi, là où se renversait le petit couteau porté le long du sabre à l'époque féodale. Ceci indique la descente d’un bloc rocheux. Le passage Kai-zuri, la conque traînant au sol, indique ensuite un endroit similaire. C’est ici que demeure le « Ryobu-wake », la séparation entre le Kongokai mandala de Yoshino et le Taizokai mandala au Sud dans les montagnes de Kumano.

On y trouve aussi KALA-HACHI DAKE (mont du bol à aumônes, en sancrit paça). Le kala-hachi était une coupe ou un grand bol dont les moines se servent pour faire l’ascèse de la mendicité. Du 42 au 41, le chemin est périlleux avec des précipices sur la droite; souvent les pluies diluviennes crées des glissements de terrain qui modifie le parcours. Quelques fois le sentier fait moins d’un mètre de largeur. Il y a des bloc rocheux qu' il faut franchir lors de descente avec des chaînes, mais c’est un endroit dont la vue vers l’ouest est superbe! On y trouve aussi « gokuraku-higashi-mon », la porte Est du paradis, « Midori-no-ana », le nez vert (sous-entendu celui du gobelin) . La halte pour prier se trouve juste après en direction de l’Ouest. En contre-bas il y a des blocs de rocher qui ressemblent à d'immenses pierres levées. Elles furent baptisées "Go-yaku Rakkan" « les cinq cents Arrhat » (les 500 disciples du Bouddha), très visibles de l'ermitage de Jinsen au n°38 quand on regarde vers le nord. L’école Tôzan raconte qu’en ce lieu En-no-gyoja pria et demanda de l’aide aux ermites de l’Inde pour l’enseignement bouddhique et leur édifia cent reliquaires, stupas (gorin-tô). Le bol à aumônes est une grande roche cubique à la droite du sentier où les néophytes doivent déposer la branche qui leur servit de bâton de marche durant ces quatre jours. Tous les jours, à l’heure du cheval, bouddha vient sur cette pierre. A l’Est de ce rocher, c’est le monde du dieu Taishaku et à droite celui de bodhisattva Kannon. C’est un acte ancestral où son bâton de novice est offert pour que le shugen continue dans les générations futures! Cela forme un tas de bois nommé: le "monticule du chapeau", Kasa-sté-zan

"Uma-no-seoï / passage sur la selle du cheval"

L'aiguille à droite est nommée "Zazen Ishi", pierre pour faire zaen (d'Enno gyoja) car lui seul était capable de faire zazen

tout en concervant un équilivre parfait.

.

Voici un poème secret attribué à En-no-gyoja :

« Mi otoké no umaré tamaéshi kuni naréba suté oku tsué wa inochi no yo no tamé »

(Merveilleux lieu de naissance du Bouddha, comme je dépose ici le bâton, je dépose ma vie à tes pieds pour les générations futures) Les néophytes reprendront un morceau de bois nouveau (en guise de bâton) à l'ermitage de la montagne de l'ermite (Jinsen-yado).

 

 

40) SAKKA-GATAKE (Le mont du bouddha Sakyamuni)

Break du midi

C’est la troisième montagne la plus haute de la chaîne de l’Ominé. Pour arriver jusque là, il faut franchir trois passages délicats. 1) Kojiri-gaéshi & zazen-ishi où les pratiquants néophytes (nouveaux, shinkyaku) laissent leur bâton de marche, 2) Uma-no-sénaka, dos du cheval, 3) Nembutsu-bashi, le pont du nembutsu. Une fois passées ces difficultés, il faut grimper jusqu’au sommet. Il est environ 12 heures. Au sommet de cette montagne trône à présent une magnifique statue du bouddha Sakyamuni. Tout le monde aime à prendre en photo cette magnifique statue en bronze. Il y 80 ans, c’est Oni-Masa, "l'ogre Masa" (surnommé ainsi par ses amis yamabushi); de son vrai nom Okada Masayuki qui l’a apportée, seul sur son dos. Démontée en trois parties, il a hissé chaque partie de la vallée à l'ouest. Un véritable travail de titan (d’où son surnom) qu’il a accomplit comme une ascèse, en remerciement d’un voeux qui s'était accompli. Elle fait 3,7 mètres de haut. Auparavant, il y avait des statues de Kongo-Saka qui furent descendues au temple de Zenki et qui trônent désormais comme Honzon, divinités principales. De cette montagne, on aperçoit dans le fond (au Sud) le mont Tama-Oki (mont du grand joyaux), n°10 du pèlerinage et le mont Kasasté .

Poème ancien :

« Kasasté o nobori témiréwa Saka gataké kuban no jodo koko ni koso waré »

(Une fois grimpé le mont du chapeau, on aperçoit le mont de Saka qui est une dalle de vacuité pour entrer dans le paradis, cela est ici, à présent) Cela signifie donc : «Longtemps j’ai gardé le Kongo-tsué (bâton en diamant), mais à présent, je l’ai offert au mont du Kasa (chapeau= matrice). Je me suis débarrassé de tous les attachements et mon esprit est libre. Ouvrant la porte du satori, les passions sont chassées et l’on peut voir le paradis du Bouddha Amida du sommet du mont de Sakyamuni. En-nogyoja vit sur cette montagne, le corps du bouddha Sakya dans des nuages violets, avec ses 500 disciples les plus proches. Auparavant, il s'y trouvait un petit refuge.

 

Poème ancien :

« Shokaku no miné ni noborité naga muré wa goyaku rakkan wa rendai no shita »

(Après avoir gravi la montagne de l’illumination et regardé vers le bas, j’y ai vu 500 arahts, disciples proches du bouddha qui demeuraient au pied d’un siège de lotus).

Poème de Saito Sensei

« Vairocana no Aji no jiko oni mi oyadoshi izaya kudaran Saka no miyamao”

 

(La lumière de la lettre A du bouddha Vairocana illumine mon corps issu d’un accident de mes parents, je descends de la montagne de Saka).

 

 Ascension du mont Sakka

 

 

39) TÔTSU-MON (La porte de Tôtsu) ou GOKURAKU-NO-HIGASHI-MON (La porte Est du paradis)

Elle se trouve à dix minutes sur le sentier qui redescend du mont de Saka vers le vallon de Jinsen-no-yado, la prochaine étape. C’est un sentier qui est raviné par l’érosion et recouvert par les feuilles de bambou nain. On ne sait pas où l’on met les pieds. Par temps de pluie, il faut faire très attention à ses pas. Il y a encore cinquante ans, on y effectuait « le passage dans la matrice » pour passer dans le Taizokai mandala. Une épreuve consistant à ramper sous deux blocs de pierres, aujourd’hui interdit car ils s’effritent.

 

38) JINSEN-NO-YADO (Le refuge secret de l’ermite)

A trente minutes du mont de Saka, dans le vallon à mi-pente. C’est un endroit très secret et chargé d'histoire dans ce pèlerinage. Il y a un chapelle en bois, un dojo, avec de nombreuses statues où l’on peut faire la cérémonie du feu. On aperçoit le mont du bouddha Sakyamuni d’un coté avec les 500 disciples et son lotus boisé, siège des épreuves internes de la halte à Zenki et le mont de Dainichi de l’autre coté. La barbe et les cheveux d’En-no- gyoja y seraient enfermés sous une stèle funéraire en pierre. Une eau sacrée y coule (Akka) venant de la pierre des « quatre dieux » (Shiten-sékki). C’est une eau lustrale utilisée pour la plus haute cérémonie de sacrement du shugendô qui se déroule tous les vingt ans (Jinsen-Sho-kanjo) ! C’est l’endroit où Jimpen à donner "l’onction correcte", la plus haute initiation dans le shugendo à ses cinq disciples. C’est donc un lieu de transmission important ! Là où était transmit la façon d'atteindre l’illumination dans cette vie, avec ce corps. L'anachorète Jitsukaga y avait établi son ermitage à l'ère Meiji. Avant l'époque Meiji, l’école Honzan du temple Shogoin avait de nombreux refuges ici. Il ne reste plus que ce Gyoja-do (chapelle d’En-no-gyoja), bâtiment entretenu par les congrégations traditionnelles du shugendo des Mts Ominé. A présent, les cérémonies d’onction ont lieu plus bas dans la vallée, à l'ermitage de Zenki  qui à l'ére Meiji fut la demeure de l'ascète Jitsukaga! Une fois arrivée, le pèlerinage y fait le Saito dai goma, l’oblation du feu de menu bois. Au cours des sept vies d’En-no-gyoja, la tradition dit qu’il en utilisa trois pour construire tous les « maisons de pierres » de Jinsen-no-yado et de Zenki. C’est pour cela que cet endroit est considéré comme le « centre spatial de la montagne » dans la cosmogonie du shugen (dictionnaire du shugen/shugendo jiten).

 

Poème de Saito Sensei :

« Jigen tozô miru Kenja narikéri tani kubéru séséragi no otomo miné kazé mo, Maka Birushana no shishi kunari kéri »

(L’ascète Gyoja comprit l’enseignement profond du Bouddha. Le son des rivières, du vent, tout est le rugissement de Birushana, le Bouddha Dainichi)

 

Poème de Ni-no-Miya Son-Toku sur la vertu du second précieux sanctuaire de Nachi.

« Koé mo naku kamonaku tsunéni Amétsuchi wa kakazaru kyô kuri kaéshi tsutsu »

(Pas de voix, pas d’odeurs pour la terre et le ciel, mais cependant ils contiennent les textes sacrés)

Haïku du maître Saïgyo Hôshi :

« Jinsen no tsumikéru tsukio mizariséba omoé témonaki wagami naramashi »

(J’ai vu la lune merveilleuse à Jinsen, elle est la lune blanche de l’Ainsité, à travers elle j’ai pu voir la Vérité qui demeure en moi)

Poème ancien :

« Tenjin no harai ori izuru kosui wa waré Raga moto no nyumi narikéri »

(Le dieu du ciel vient de l’eau spéciale, elle a la saveur du lait, elle est issue du nombril du Bouddha Sakka)

 

 

37) SHOTEN-NO-MORI (la forêt du dieu Shoten-dieu à tête d’éléphant)

Shoten est une version ésotérique du bouddhisme du dieu indien Ganéça (Vina yaka), le dieu qui exauce tous les désirs en détruisant tous les obstacles sur le chemin. C’est un dieu exigeant dont les rites très secret dans les écoles Shingon, Tendai et Shugen (à base d’offrandes d’huile sur la tête de la divinité) sont sensés procurer de grandes richesses matérielles. L’un des plus grands temples japonais qui lui vous un culte quotidien se trouve sur la montagne d'Ikoma à l’Ouest d'Osaka. Industriels, commerçants et artisans en ont fait un des temples les plus vénérés, dédié à une forme enlacée (mâle et femelle) du dieu éléphant mâle femelle Kangiten. Mais les rites secrets doivent être faits tous les jours, sans aucune journée de repos, pour le moine chargé des rites! C'est donc une divinité très contraignante!

La forêt du dieu éléphant est la forêt qui se trouve juste sur l’autre versant du vallon de Jinsen, à quelques minutes seulement. La tradition raconte l’histoire d’une roche « vivante » sous laquelle il y aurait de l’or mais l’endroit exacte, où se trouve cette roche, reste inconnu... De Jinsen-no-yado descendre dans la vallée par le flanc ouest, jusqu’à une tombe...C’est celle de la sixième vie d’En-no-gyoja! Gokuraku-sen (le n°36) est à la même hauteur que Shoten-no-mori, mais à sa droite. En venant de Jinsen yado, au sommet se trouve une statue de Shoten, d’environ deux mètres de haut. Au niveau de la statue, il y a une inscription datant d'une centaine d’années: « Les personnes vêtues normalement ne peuvent venir y prier » C’est un endroit réservé exclusivement aux yamabushi. On contourne ensuite des blocs de pierres nommés aussi Kaizuri et Kojiri kaéshi comme le n°41, Haku-hatsu-doji, l’enfant aux cheveux blancs. Un peu plus bas se trouve la pierre de Kongara-Seitaka et Kurikara-iwa (les deux acolytes de Fudo avec le dragon) et encore un peu plus bas, on tombe sur la porte Sud du Nyonin-kinsei (interdiction aux femmes) d’avant Meiji. Si l’on descend plus encore, on tombe sur la bifurcation du vallon abrupte qui va vers la vallée de Zenki. Si on continue tout droit, on se rend au mont du bouddha Dainichi et si on prend à droite à la bifurcation, en descendant par la vallée de l’Ouest, on se rend sur la route Sud du pèlerinage et il faut encore une semaine pour atteindre à pied le sanctuaire de Kumano...

 

36) GOKAKU-SEN (Les 5 angles sacrés)

C'est un petit mont qui se juxtapose à la forêt du dieu-éléphant Shoten comme les deux bosses d’un chameau. Au sommet, il y a trois cents ermites. En réalité, trois grandes pierres nommées : Mikazuki (quartier-croissant de lune), Eboshi-ishi (pierre du chapeau corbeau), Gébako-séki (la roche du coffre à sutras). Etait-ce l’endroit où les yamabushi se coiffaient de la tiare sacrée (Hokkan) des cinq sapiences de Dainichi, avant de grimper le mont du même nom ?

 

35) DAINICHI-DAKE (mont du Boudha Dainichi)

Il est environ 14 heures lorsqu’on arrive aux pieds du mont de Dainichi durant le pèlerinage. Il faut grimper au sommet à l’aide d’une chaîne de vingt cinq mètres, sur une dalle inclinée à 45° avec des précipices à droite et à gauche. C’est l’épreuve du "grimper sans pensée", mushin-ni-noboru. Arrivé presque au sommet, il faut passer sans les toucher entre deux pierres Amé- Futai-ishi, la pierre qui fait pleuvoir et Futai-ishi, la pierre qui fait venter, sinon il se met à venter et pleuvoir raconte la tradition. C’est de toute façon un endroit très venteux car on se trouve au sommet d'une crête. Lorsqu’il pleut, on ne grimpe plus, car la roche est dangereuse, exception faite pour les Gaku-sô, les jeunes moines en formation au Shogoin, qui eux doivent faire cette épreuve coûte que coûte! Au sommet se trouve une très belle statue de Dainichi et une pierre polie, une ardoise, semblable à un miroir. Après avoir reçu l’ultime initiation, l’onction correcte, les yamabushi portant la coiffe des cinq sagesses de Dainichi grimpaient la chaîne en fer pour voir leur visage dans le miroir, comme dans la tradition du bouddhisme ésotérique où le nouvel Initié doit se voir dans un miroir rond paré des attributs du Bouddha Dainichi.

Il y a quelques années, recherchant cette pierre qui se trouve à l’opposé de la statue, le Supérier Général Miyagé Tainen du temple Shogoin, s’entrava les pieds dans les racines des arbres accrochés à la falaise et fit une chute de plusieurs dizaines de mètres. Dans sa chute, il fût rattrapé et sauvé par une branche...

La roche s’effritant beaucoup, c’est un endroit qui est à présent dangereux. On dit que En-no-gyoja y vint beaucoup prier pour sa mère. Auparavant une petite chapelle dédiée à sa mère s’y trouvait.

Deux poèmes de Saito Sensei :

« Dainichi no kusari yurugashi fuku kazé tani wa jigoku ka soko ima miéru »

(le vent fait se balancer la chaîne de Dainichi, dans la vallée de l’enfer, j’aperçois ma maison). Ici on s'aperçoit que la plupart des yamabushi, amoureux de la montagne, rêvent de demeurer au refuge de Zenki/Jinsen comme l'anachorète Jitsukaga le fit vers 1870!

« San san to furu Dainichi no Ji-kô abi warémo Otoké to miné ni anzasu”

(la lumière de compassion de Dainichi pénètre mon corps, peut-être suis-je Bouddha dans le mandala de l’Ominé?)

 

34) SENJU-DAKE (le mont aux mille bras)

Allusion aux mille bras du bodhisattva Senju-Kannon (Avalokitesvara aux mille mains en scrt, Tchenrézi en tibétain).. Situé un peu à l’ouest du Mt Dainichi, il s’y trouve une roche dite « d’apparition » de Senju-Kannon qu’on ne gravit plus à présent

 

33) FUTATSU-ISHI ou RYO-DOJI-IWA (les deux rochers autour desquels on tourne)

Il faut trois heures pour descendre de l'ermitage Jinsen à la chapelle de Zenki, à bonne allure et il fait nuit tôt en montagne. Après avoir rejoint la bifurcation en bas de Gokaka-sen et descendu par la vallée de l’Est en direction du temple de Zenki, à environ 70 minutes de Jinsen, se trouvent les deux pierres dressées dont l’épreuve demeure physiquement, pour ma part, la plus difficile de "l'entrée-en-montagne", du pèlerinage. Après dix heures de marche en terrain accidenté, il faut en varappe pure, non assurés par une corde de sécurité, faire le tour de ces deux rochers et effectuer le "saut du gobelin" (Tengu-tobi) entre ces deux rochers pour passer de l'un à l'autre. Si la hauteur pour la face Ouest est raisonnable, par contre la face Est se trouve avec un aplomb de plusieurs dizaines de mètres. Les jambes qui se tétanisent, et c’est la chute mortelle au fond de la vallée. Les yamabushi n’y grimpent pas s’il a plu. Ces roches représentent les deux assesseurs de Fudo Myo. Les "enfants de diamant" nommés Kongara et Seitaka. Puis le chemin continue... On passe par un glissement de terrain qu’emmènent régulièrement les eaux de ruissellement appelés Taiko-tsuji, le croisement du tambour, parce qu’on y entend parfois le son du tambour. Il faut dire que tous les shugenja du pèlerinage courent presque en descendant, car la nuit vient très vite ici et que le chemin est très accidenté devient donc dangereux dans la pénombre... De ce fait, la pression sanguine résonne dans les oreilles comme un tambour…

Révérend Nakamura, il y  30 ans avec Gomonshu Miyagi derrière

 

Gomonshu Miyagi il y a 30 ans...

 

32) SOMAKU-DAKE (la danse de l'herbe qui fait dormir)

C’est une danse, la Soma-kusa, qu’un ermite effectua au sommet de ce mont qui donna son nom à l’endroit. Il y a une plate-forme, une pierre plate pour la danse. En passant, on fait « yohai-maéri».

 

31) KOIKE-YADO( le refuge du petit lac)

Autrefois, il y avait probablement une petite retenue d’eau dans le canyon de cette petite vallée, après le ruissellement des pluies dilluviennes qui tombent en juin et septembre.

 

30) HOSHI-KUSA-DAKE (le pic où l’herbe sèche)

Les n° 32, 31, et 30 sont des sommets accrochés à la pente Sud que l'on peut apercevoir à droite du sentier qui mène au refuge et temple de Zenki. On ne peut plus s’y rendre car les chemins de montagne ne sont plus entretenus et le circuit du pèlerinage actuel n’y passe plus. Les tablettes votives destinées à ces endroits sont déposées à la chapelle de Zenki.

 

29) ZENKI-YADO ou ZENKI-YAMA (le refuge de la montagne du démon de devant)

En-no-gyoja avait pour disciples deux "ogres", contre lesquels il lutta dans les monts Ominé, devant la caverne de Sho et qu’il finit par convertir, pour ensuite les accepter comme disciples devant la caverne de l'aigle. Un avait la peau rouge et se prénommait Goki (démon mâle) portant la hache pour couper le bois dont les habitant du village de Dorogawa sont les descendants. L’autre, à la peau verte, Zenki, la femelle portant le récipient d'eau dont d’autres descendants vinrent s’établirent dans cette partie de la vallée, près de l'actuel retenue d'eau qui constitue un barrage hydroélectrique. Il porte l’eau lustrale de l'ermitage de Jinsen. Zenki accoucha donc de cinq enfants à cet endroit! En-no-gyoja demanda que leurs descendants guident ensuite les yamabushi en montagne. Ces 5 enfants Gokki-tsugu, Gokki-gami, Gokkidô, Gokki-kuma et Gokki-tsuké donnèrent cinq familles, 5 gîtes refuges (bô) appelés Morimoto-bô, Naka-bô, Gyoja-bô, Konaka-bô. En-no-Gyoja remit une statue à son effigie à Gokki en disant qu’elle était lui-même, puis il disparut dans les monts Minô, raconte la tradition du shugen. A l’ère Meiji, seuls substitaient les familles Morimoto-bô et Konaka-bô. Il y a quelques années la famille Morimoto-bô s’éteignit. La statue d’En-no gyoja disparue ! Il ne reste plus à présent que la famille Konaka-bô qui tient le refuge qui sert lors de leur passage à Zenki durant le pèlerinage annuel!. C’est ici que se déroule la quatrième nuit du pèlerinage. La famille Konaka continue de délivrer des "certificats de réussite" pour les yamabushi qui le demandent, comportant les 75 sceaux des 75 stations de l’Ominé. Si en réalité tous les descendant de Zenki sont allés à Miyakô (Kyoto), ceux de Goki sont toujours à Dorogawa…

Zenki hermitage atmosphere...

Zenki hermitage Ura-Gyoba

Poème court (waka) de Saito Sensei :

«Okugaké té Zenki no yado ni naku, haé no otoni kikiréba kokorono nabominu »

(Faire les pratiques des montagnes profondes durant le pèlerinage et au refuge de Zenki pouvoir entendre le vol des mouches, comme l’esprit se détend…)

Ceci indique l’état d’apaisement que ressentent les pratiquants après avoir affrontés les tempêtes, les éclairs et le tonnerre sur les sommets. Zenki est vraiment un havre de paix. Ce n’est pas encore la civilisation, quoi qu’isolé encore, mais l’altitude est plus basse. Il n’y a pas de mouches sur les sommets, mais zenki est plus bas dans la vallée ! C’est à Zenki qu’a lieu à présent tous les vingt ans "l’onction correcte" nommée Jinsen-Shô-kanjo durant quatre jours. La dernière eût lieu en 1999! A l'époque Meiji, lors des persécutions à l'encontre du Shugendo, c'est ici que le saint Hayashi Jitsukaga établit sa demeure...

 

Autre poèmz de Saito sensei montrant admirablement l’atmosphère de Zenki ! Zenki est un endroit propice à la recherche méditative :

« Kiri fukaki Zenki no yado no aka tokini, Buppôso wa mashi kuna kéri”

(Tôt le matin dans la brume épaisse de Zenki, le chant de l’oiseau « Bupposo » est important)

L’oiseau « Bupposo » est le rollier, autre nom du « cou-cou ». Au Japon, sur trois notes, le rollier fait dire à l’imagination populaire, qu’il prononce les paroles suivantes « Buuupôôôsssôôô ! » qui signifient Bouddha, Dharma et Sangha, en faisant de l’oiseau, un messager de la Loi bouddhique par excellence. Entendre sa voix le matin, rappelle l’office matinal dans le temple de Kyoto. De plus, voir la brume très épaisse à Zenki, des montagnes de forêts denses, se lever comme une chevelure divine s’envolant du sol, est un spectacle magnifique et sublime accompagné le chant du rolier ! Zenki n’est pas simplement une halte, un refuge pour la nuit ou bien le lieu d’une d’initiation majeure. C’est aussi un endroit où se trouve des épreuves à faire! Les 18 « ura-gyoba » de Zenki. On les faits le cinquième jour du pèlerinage, au lever, si l’on réalise le Gyakubu-shugyo (itinéraire inverse allant de Yoshino en Kumano) ou le premier jour, si les yamabushi comme ceux du Kizoin font l’itinéraire correcte, Nyubu-shugyo (parcours qui va de Kumano vers Yoshino). L’endroit se situe un peu en contrebas du refuge de Zenki, dans un sous-bois très humide, avec des cascades et rivières remplies de sangsues ! Il faut quatre heures pour faire le parcourt.

 

Puis on a accès à la route départementale qui mène à la ville de Kumano et Nachi. Il faudra néanmoins encore deux bonnes heures de marche sur l'asphalte pour contourner le lac et arriver à Zenki-guchi, lieu où les bus attendent pour conduire les pèlerins à Kumano et Nachi, car à présent, seuls les yamabushi du temple Kimpusenji font l'itinéraire de la route du sud à pieds jusqu'à Nachi et Kumano! C’est la montagne profonde, sans maison, ni village, mis à part dans le fond de la vallée autour du lac et en bordure de la route, ce qui fait écrire à Saito sensei :

« Yama gami no shisha to osoréshi Okami atotaété mori isokanari”

(Avant nous craignons les loups, esprits-protecteurs de la montagne, à présent ils sont tous morts).

Pour la petite histoire, le dernier des loups des monts de l’Ominé empaillé est visible au « National British Museum » à Londres. Mais quelques fois la nuit, lors de ma retraite dans la caverne de Shô, je me suis surpris à entendre des hurlements et j’aime à penser que tous les loups dans les monts Ominé, animal totem, ne sont pas tous morts. Certains habitants japonais, vivants dans la partie la plus sauvage des Mts Ominé (les Mts d'Odaigahara), parlent d’ailleurs d’une bête monstrueuse, comme celle du Gévaudan Sambon-no-Okami, un loup à trois pattes (comme le corbeau à 3 pattes de Kumano).

 

Diaporama from mount Misen to Zenki hermitage

 

JOURNEE 24 juillet

Prendre un taxi car plus de bus quotidien pour se rendre à Nachi...

 

28) ZENKI- MIE-NO-TAKI (les trois cascades de Zenki)

Avant, les yamabushi s’y rendaient par l’autre flanc de la montagne. A présent, les trois chutes, comme une cascade qui se sépare en trois parties, sont visibles du chemin qui mènent à Zenki-guchi par la route que tous les yamabushi empruntent pour redescendre aux bus ! Cette cascade, divisée en trois, ce sont Bato-Kannon, Senju-Kannon et Fudo myo. Avant on faisait l’ascèse de la cascade et la tradition met en garde ceux qui non pas l’esprit assez bon, ceux qui possèdent un mauvais karma…Ici il était facile de perdre la vie, car c'est une cascade avec un débit d'eau très fort!

Voici qu’en disent deux poèmes secrets :

« Tani zokoni A Hun no ki tachi kéréba makoto ni Oni no sugata naruran »

(Aux pieds de la cascade qui va de la ligne A à Hun, il sûr que c’est la demeure des ogres)

Tout ça pour dire que le sentier de pratiques de l'ésotérisme bouddhique est un chemin sinueux voir même dangereux...

«Mié no hi-sui ni mioba kyométsu tsu otoké no kuni ni itari itarité »

(Les pratiquants font l’ascèse dans la cascade de Mié car il n’est pas important de perdre le corps si on obtient l'illumination)

Le professeur Saito pense que : « Le miné-iri ne doit pas servir uniquement à acquérir une plus grande de puissance physique ou mentale (voir psychique), mais il doit apprendre à présent aux individus, à travers une pratique commune, comment ne faire qu’un avec la Nature, avec la Montagne, avec Bouddha ... »

 

 

 

 

Journées 24 & 25 juillet

(On retourne à Yoshino au temple Kizoin en taxi, pour aller de la ville de Gojo en bus à Nachi, au temple Seigandoji, Mietaki san minshuku)

We went back with taxi to Kizoin temple to speak to Nakai sensei about our journey inside mounrain during typhoon

before to go by bus from Gojo city to Kumano & Nachi

 

 

 

DIAPORAMA return to Kizoin temple, stay & going to Nachi

 

Video N°10 from Gojo town to Nachi bus bus, 5 hours...

 

3) KUMANO-SHINGU (sanctuaire de Kumano à la ville portuaire de Shingu)

Il fut apellé aussi Atayama jinja où trônent l'avatar Kumano Junisha daigongen. Le sanctuaire de la montagne Ata, en relation avec le mont Atago de Kyoto est le sanctuaire des douze apparitions circonstantielles de Kumano. Dans un ouvrage ancien, conservé dans le sanctuaire, le livre "Kumano-Nen-daiki", il est écrit qu’en l’an 128, l’avatar (apparition circonstancielle) descendit sur Kumano pour fonder un ordre nouveau. Il se nommait Shujin ou Kumano-Atayama-Okami ou Daijin si l’on se range la prononciation bouddhiste pour le terme shinto Okami qui signifie "grand dieu"!. Ce « Shujin » fut probablement un noble chinois ou coréen qui colonisa le Japon, il y a deux mille ans et qui fut, lui-aussi, divinisé par la suite !

 

Les douze avatars de Kumano sont depuis l’époque Héian :

1) Wakamiya-wakai-ichi-ôji, nom shinto pour le bodhisattva Ju-ichimen-Kannon,

Kannon à onze visages

2) Zenchigu, pour le bodhisattva Jizo

3) Seigu, pour le bodhisattva Ryuju bosatsu, c’est à dire le maître indien Nagarjuna

4) Jigu, le bodhisattva Nyoirin-Kannon

5) Komorigu, pour le bodhisattva Sei-Kannon

6) Ichiman-kenzoku, les cent disciples du bouddha, Monju et Fugen Bosatsu,

Juman Kongo-dôji, les 10.000 foudres de diamant Protecteurs de la Loi

7) Kango-jugo-sha, le bouddha Sakyamuni

8) Hiko-yasha, Fudo myo sous une forme démoniaque

9) Yoneiji-kongo, le dieu Bishamonten

10) Susano-no-mikoto, le boudha Amida

11) Ayatama-Ô-kai (la déesse Izanami), au centre de l’édifice, associé au bouddha de médecine Yakushi-nyorai

12) Le dieu mâle Izangi, le bodhisattva Senju Kannon

Il y a d’abord le groupe des cinq princes (Gosho-ôji) que suit le groupe des quatre dieux puis celui des trois Grands Dieux. A partir de la gauche, lorsqu'ils pénètrent à l'intérieur du sanctuaire, les yamabushi prient devant un édifice tout en longueur, spécifique du shugendô. C'est une architecture de type Gongen-zukuri comme au n°72, (le temple de Mikumari à Yoshino) où sont enchâssées les douze divinités syncrétiques, dont l'arbre sacré "Nagi-no-ki". Le santuaire/temple de Shingu est beaucoup plus grand que celui de Hongu. Pour la fin du pèlerinage au sein du mandala naturel (RITTAI MANDARA), les yamabushi du Shogoin défilent en file indienne dans l’enceinte et vont prier devant les marches, puis font le rituel du feu à l’écart. Le grand prêtre de ce temple était depuis des générations choisis par le Shogoin pour être le "super-intendant" des trois temples (Bétto-Sendashi). C’est une charge qui incombe toujours à la famille du baron du clan Kuki. Une famille qui compte parmi ses descendants, le daimyo Kuki Yoshitaka qui fût l’amiral de la flotte du Shogun Nobunaga et qui fit construire le port militaire de Toba dans la baie d’Isé. Actuellement le grand prêtre se prénomme Kuki! Le premier fondateur de la lignée du fief de Kuki fut le yamabushi Hyakushimaru Kurambô qui aida la fuite de l’empereur Go-Daigo. Celui-ci pour le remercier l’anoblit et lui donna le fief du village de la montagne de Kuki qui existe encore actuellement. La famille Kuki était détentrice d’un art du maniement du bâton long, l’école Kukishin dont la branche du maître Saburoji Minaki est détenue aujourd’hui par Soké Tanaka Fumon d'Osaka. Le nom de Kuki sigifiant les 9 démons (ou plutôt les 9 dieux car le premier trait sur l’idéogramme de démon (ki qui se lit aussi oni), n’a jamais existé et cela change radicalement la lecture puisque celle-ci devient kami qui signifie dieux ! Ces « 9 dieux », une constellation, gardaient « la porte des démons » au Nord-Ouest (Kimon). Hors Konjin-san, un dieu cornu à l’apparence de Fudo est vénéré secrètement par la famille Kuki sous le nom de Kimon-Daimyojin . C’est ce dieu qui fût transporté dans les monts du Déwa-sanzan au Nord-Ouest du Japon (l’endroit de la porte des démons) dans la préfecture de Yamagata (autre foyer de shugendo). J’ai pu étudier des parchemins anciens de la famille Kuki, concernant Kimon Dai Myojin, avec une "écriture céleste" (cunéiforme dans le style proche des anciens sumériens) qui viendrait des dieux et il est fort étonnant d’y retrouver des symboles hébraïques liés à l’origine de la famille impériale Japonaise! Le nouveau sanctuaire de Kumano possède dans son enceinte un muséum (le Shinpokan) dans lequel sont montrés aux visiteurs les 1000 présents offerts par les empereurs japonais.

Avant la séparation entre shintoïsme et bouddhisme (Shinbutsu Kisshaku), le Grand dieu de ce sanctuaire était le Bouddha de médecine Yakushi nyorai. Comme dans tous les temples shinto, il y a pour le sanctuaire de Kumano « le sanctuaire profond » de Tamaoki-jinja, celui d’en bas, l’édifice de style Gongen-zukuri, Kumano Jinja et « le sanctuaire d’en haut » Kamikura jinja.

Le 16 octobre, tous les ans, se déroule à Kumano, la fête des bateaux "O-funé-matsuri", commémorant l’arrivée des «dieux » en bateaux à Kumano. Par ailleurs le dessin du navire allumé sur le mont Atago en guise de "charme-protecteur" pour la ville de Kyoto depuis Kukai, symbolise ce bateau de Kumano. Au sommet du « temple d’en haut » se trouve un bloc de pierre énorme faisant près de soixante mètres de circonférence, entouré d’une corde sacrée, le Go-Shintai. Tous les 6 février  et 17 juillet se déroule la fête du feu à partir de ce temple. La ville de Kumano dont le sanctuaire est célèbre dans tout le Japon (avec ceux d’Isé et d’Izumo) est connu pour cet événement. Les fidèles et des centaines d’individus vêtus de blanc, la taille ceinte d’une corde sacrée, portant des torches enflammées de plus de cinquante kilogrammes chacune, dévalent en courant, au coucher du soleil, le grand escalier de pierres, long de plusieurs kilomètres qui rejoint le temple d’en haut à celui d’en-bas ! Des milliers de touristes et de fidèles assistent à cette manifestation. Vu de loin, on dirait qu’un dragon de feu descend de la montagne pour rejoindre la mer. C’est le départ des âmes pour les contrées éloignées. Le feu sacré est ensuite distribué pour la nouvelle année dans chaque foyer de Kumano. Une façon traditionnelle de continuer à transmettre le feu sacré dans les foyers dans les autels familiaux (Kamidana). C'est au 11ème siècle, que les yamabushi créèrent la croyance en Kumano-Sansho Dai-gongen : Le dieu shinto Iyétsu-miko-shin (Le dieu Susano) était le bouddha Amida et il fût vénéré au santuaire d’Hongu. La déesse Ayatama-Okami (la déesse Izanami) était le bouddha Yakushi et il fût vénéré auu sanctuaire de Shingu. Le dieu Izanagi fût associé au boddhisattva Senju-kannon et vénéré au sanctuaire de la cascade à Nachi

Kumano shrine at Shingu city with the Head priest of Kuki family in center

 

Pilgrimage procession arriving at Kumano Shingu shrine

 

Prayers & benediction by Kumano Shingu shrine

 

 

 

DIAPORAMA Fujimoto 2008

 

 

 

 

 

2) NACHI-ZAN (le mont de Nachi)

L’envol du dragon de sagesse

Connue depuis des siècles car la montagne abrite la plus grande cascade du Japon avec cent trente mètres de haut et six mètres de large ! Aux pieds de la cascade demeure le sanctuaire shinto, où la cascade est vénérée comme corps de la divinité. C’est une cascade sacrée. Un peu sur les hauteurs, avec sa grande pagode rouge à plusieurs étages, le temple bouddhiste Tendai Seigando-ji, le temple du "rivage bleu ou du serment" la contemple ! Dans la terre du boudha Amida, c’est ainsi que cette région est vue par les croyants, la terre du soleil couchant, la cascade et la divinité enchâssée dans le temple bouddhiste est Senju-Kannon, le bodhisattva Avalokitesvara aux mille bras en scrt. Le Seigandoji est le premier temple pour faire le pèlerinage des 33 temples consacrés à la déesse Kannon pour la région du Kansai (région comprise entre Osaka, Kyoto, Nara, Kumano et Wakayama). Le Seigandoji garde aussi une statue de Nyoirin-Kannon, cachée de la vue de tous qui aurait été sculptée dans les embruns de la cascade. On dit que l’un des premiers diciples du bouddha Sakyamuni, l’ermite Ragyo vint d’Inde pour y pratiquer l’ascèse sous cette cascde. En-no-gyoja, les moines Saicho et Kukai, Enchin, Shobo, bon nombre d’ascètes dont Mongaku au début de la période Edo et le saint Jitsukaga à la période Meiji, vinrent y pratiquer les ablutions rituelles et la médition sous la cascade. Les ascètes et yamabushi restaient parfois durant mille jours à Nachi pour y faire la retraite et vivrent en ermite.

Durant l’époque Edo, les «croyants pour la vie», doctrine du bouddhisme shingon mélangée à du bouddhisme Amidiste, les « Issé-gyonin », ainsi que les « mokujiki gyoja » (les pratiquants végétariens qui ne mangent plus les cinq céréales) s’étaient regroupés dans la région de Nachi. Tous les ans, autour du 3 janvier, des ascètes de toutes confréries se retrouvent pour pratiquer l’ascèse de la cascade (takigyo) à Nachi sous la férule du responsable du temple Seigandoji et commémorer ainsi  l’oeuvre des ascètes Mongaku & Jitsukaga. Je m’y suis rendu. Il y fait très froid ! A plus de cinquante mètres, vous êtes déjà tout trempé avec les embruns et la pression sous la cascade est terrible ! On y prie : Fudo myo, Aizen myo et Karyu-Dai-gongen (l’avatar du Grand Dragon de Feu). Mais les méditations courantes se font dans deux autres plus perites cascades en contrebas, Ni-no-taki et San-no-taki.

 

En premier lieu à Nachi , se rendre au temple temple Seigandoji, puis sur la tombe du Saint JITSUKAGA pour faire Kuyo et enfin aller au sanctuaire shinto de NAICHI TAISHA au pied de la grande cascade.

 

 

Saint Jitsukaga holy grave

 

 

1) DIAPORAMA / VIDEO Saint Jitsukaga's grave

 

2) Video /diaporama in front Seigandoji temple & Nachi shrine in morning

where the biggest waterfall of Japan is sacred, considered as Nyoirin Kannon or Senju Kannon.

 

 

 

 

Ensuite le 26 juillet, retourner sur Kyoto au Shogoin via le bus jusqu'au village côtier de Katsura, puis par la ligne ferroviaire JR, afin de finir la boucle et de faire les dernières prières du pèlerinage au temple Shogoin, avant de se préparer pour la cérémonie de prise de refuge du lendemain durant laquelle 5 nouvelles personnes occidentales vont devenir officiellement Yamabushi...

 

Back to Kyoto Shogoin temple by bus & train from Nachi-Katsura, 4 hours

DIAPORAMA / VIDEO

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